Addiction, terme issu de l’anglais, signifie l’attachement, l’inclination, le fait de s’adonner à quelque chose, à quelqu’un. Il correspond à une urgence du besoin et à l’insuffisance finale de toute tentative de satisfaction.
L’homme agit sur son environnement et les conséquences de cette action le conduisent à modifier son comportement. De ce fait, il finit par repérer ou, au contraire, éviter certains comportements, selon les conséquences, jugées plaisantes ou non, de leur action.
Une pratique judiciaire ancienne, l’ordalie, consistait à soumettre un sujet à une épreuve particulièrement difficile (être jeté à l’eau, marcher sur des braises, plonger sa main dans un liquide brûlant) mettant en jeu l’intervention de la puissance divine. Si le sujet dominait l’épreuve, il était considéré comme innocent du crime qui lui était imputé, la puissance divine lui ayant permis de triompher d’une épreuve qui ne lui laissait aucune chance de survie. Dans l’ordalie, le sujet risque la mort pour préserver le moi. Les addictions peuvent être interprétées dans le même sens, car le paradoxe de ces conduites est qu’elles ont pour but la vie, alors qu’elles sont minées par l’autodestruction réelle.
Ainsi, il est possible de repérer dans le processus addictif une logique de résolution inadéquate d’un problème. Des distorsions cognitives font que l’individu perçoit de façon erronée la situation. En conséquence, la dépendance constitue pour le sujet une solution, même si elle implique des besoins.
Le développement des conduites addictives vient également d’une société qui pousse les individus vers l’introversion de l’égoïsme et de l’individualisme. Effectivement, le contrôle de soi, l’estime de soi, la possibilité de s’accomplir, de développer des compétences constituent autant de valeurs protectrices face à la dépendance.
Mens sana in corpore sano : un esprit sain dans un corps sain.
Cette citation de la dixième des Satires de Juvénal prône la complémentarité du corps et de l’esprit. Évoquer la question du corps biologique, c’est aussi parler du corps somatique, du corps imaginaire, de l’affect, de la douleur, de l’image du corps et de l’identité. Nous pouvons ainsi constater que les personnes dépendantes ont un rapport particulier à leur corps.
L’usage qu’ils en font et la représentation qu’ils en ont semblent marqués par un vide impossible à nommer. L’angoisse, le sentiment de vide, la perte d’identité contribuent à la découverte d’un objet, d’un mode d’administration impliquant le corps et d’un ensemble d’effets produisant une transformation de l’état psychique et des sensations physiques.
La dépendance pérennise la relation entre un sujet et un objet, c’est-à-dire entre un malaise, un corps et une substance. La reconnaissance de la dépendance prend appui sur le ressenti corporel apparaissant lors de l’absence de cet objet. Il s’agit d’une souffrance généralement difficile à verbaliser. Elle est souvent ressentie corporellement comme si ce qui ne peut se jouer sur la scène psychique était automatiquement localisé dans l’éprouvé corporel. De plus, les difficultés d’élaboration des affects témoignent d’une absence d’élaboration du corps : difficultés de la représentation de l’espace du corps, émergence d’un corps pulsionnel, troubles de l’image du corps…
Rompre la dépendance se joue au niveau de son représentant corporel. Ainsi, un certain nombre de comportements mettant en jeu le corps de manière destructrice semblent avoir pour fonction de rompre la dépendance dans ce qu’elle a de plus douloureux.
N’est-ce pas là que le toucher peut déprogrammer ce processus comportemental, au profit de celui qui permettrait d’initier une nouvelle relation, fondée sur le bien-être, l’équilibre entre le corps et le mental ? Ainsi, cet instant de retour à soi, vers ses ressources intérieures, peut contribuer à sortir de la répétition de comportements qui sont sources de souffrances, en offrant une autre approche du corps.
Offrez-vous donc un massage pour libérer votre corps de toutes ses injonctions du passé…
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